Il pleuvait. Le vent et les ténèbres volaient au-dessus de la terre trempée. Les étoiles étaient étouffées par l'encre boursouflée des nuées. Les chevaux poussés à bout soupiraient et piétinaient dans l'obscurité. Il n'y avait rien à leur donner. Je nouai la longe de mon cheval à mon pied, m'enroulai dans un imperméable et me couchai dans une fosse pleine d'eau. La terre détrempée m'ouvrit l'étreinte rassérénante d'une tombe. Le cheval tendit la longe et me tira par le pied. Il avait trouvé une touffe d'herbe et se mit à la brouter. Alors je m'endormis et vis en rêve une grange remplie de foin. Au-dessus de la grange retentissait l'or poussiéreux du battage. Des gerbes de blé volaient dans le ciel, la journée de juillet allait vers le soir, les buissons du couchant se déversaient sur le village.
(Extrait)