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En 1914, l’artilleur Ivan Cassagnau quitte son Sud-Ouest natal pour rejoindre les contreforts des Vosges. Scrupuleusement, il note les détails de la boucherie dans laquelle sont jetés des millions d’hommes. Au début sur un ton détaché, sans y croire vraiment, puis, au fur et à mesure que les morts deviennent plus nombreux que les vivants, avec une froideur qui constitue sa seule défense. C’est une guerre d’un autre âge, où l’infanterie et l’artillerie occupent la place maintenant dévolue à l’aviation et à l’électronique. Mais on y retrouve les avilissements d’hier et d’aujourd’hui : la dépendance vis-à-vis des besoins physiologiques les plus simples, la négation des valeurs sociales et de la vie humaine, la place de la propagande enfin. Établi à partir de « Mémoires » authentiques, ce journal de guerre d’un artilleur s’arrête à Verdun, où fut blessé l’auteur du manuscrit. Il est un témoignage quotidien, factuel, de l’intérieur, de ce que fut la réalité de ces mois passés à se battre, à attendre, à tenter de survivre. Ivan Cassagnau et son frère jumeau, Marcel, sont nés à Sainte-Radegonde dans le Gers le 11 novembre 1890. Élevé par son grand-père, instituteur, Ivan reçoit une solide éducation classique et obtient le baccalauréat en 1907 avant de s’engager à dix-neuf ans dans l’artillerie par amour des chevaux. La guerre le trouve au grade d’adjudant-chef alors qu’il vient de se marier, en mai 1914. Son épouse décédera en couches à l’été 1917, lui laissant un fils, Jules. D’abord chef de la 30e batterie de renforcement du 57e régiment d’artillerie de campagne de Mirepoix, dans l’Ariège, Ivan est en Alsace le 17 août 1914 et participe à la campagne des Vosges en août-septembre 1914, puis est envoyé dans la Meuse. Il participe à la longue bataille de Verdun, où il est blessé. Viennent ensuite l’armée d’Orient en 1917-1918 et le retour en Champagne en avril 1918. Sa participation à la Première Guerre mondiale trouvera ses prolongements sur les théâtres extérieurs (Orient, Roumanie, Bulgarie, Palestine, Égypte) jusqu’à Noël 1920. Ivan Cassagnau continuera sa carrière militaire après s’être installé dans les Vosges, où il épousera sa seconde femme, Marie Ferry. En 1924, il quitte l’armée et devient employé de banque puis de papeterie. Décédé à Raon-l’Étape le 22 février 1966, il est enterré à Saint-Jau, un hameau de son village natal.