Ce que disent les peintres
Prendre les peintres aux mots, c'était, dans des face-à-face, tenter d'écarter le caractère circonstanciel et le cadre convenu qui enserre la production proliférante des textes qui poursuivent des buts mercantiles ou de communication.
Le dit des peintres, nous en sommes convaincus, énonce un savoir, ou des formes de savoir, que ne détiennent pas les esthéticiens ou les historiens d'art. Nous nous sommes alors souvenus des conseils de Gilles Deleuze qui écrivait : « On n'écoute pas assez ce que disent les peintres. »
« Ce que disent les peintres », c'est écouter les mots, non pas les mots consacrés de la peinture, mais ceux - personnels - de l'engagement en peinture. Comment les peintres jonglent-ils avec le vocabulaire de la peinture ? Comment inventent-ils leurs propres mots ? Comment explorent-ils une parole au plus proche de la création ? Élaborent-ils un récit pour suspendre hors de la peinture ce qui ne lui appartient pas, ou, au contraire, pour aimanter le regard ?
Parler, pour les peintres, est-ce alors une pratique qui se superpose ou s'articule à l'élaboration picturale ?