A lire le nom de Duane Michals sur la couverture du présent ouvrage, on pourrait penser qu'il s'agit d'un livre de photographies. Il n'en est rien. Le titre annonce très justement ce qu'il contient. Car, à ses talents d'imagier, Duane Michals joint ceux de l'écrivain qu'il n'a jamais cessé d'être. Ceux qui reconnaissent en lui le virtuose de la narration séquentielle, le maître portraitiste de Magritte, de Duchamp et de Warhol, retrouveront dans ses textes le compagnon de route de Whitman et d'Edward Lear, le goût qu'il a pour l'insolence et le non-sens. Les aphorismes du Docteur Duanus ont la cocasserie de ses autoportraits. Mais, par-delà une tendance constante à la dérision, ils traitent aussi du destin de l'homme, des mystères du quotidien, du désir et de la mort, le tout parfois étonnement teinté de mysticisme.
Michel Foucault dit de Duane Michals qu'il a entrepris d'annuler la fonction oculaire de la photographie. Les textes présentés ici confirment bien l'interpénétration des deux moyens d'expression, ceux d'une nature prodigieusement inventive, ceux d'un moraliste que la loufoquerie rend plus lucide encore.