Je devine la petite fille en elle, qui retient son éclat
de rire, se contente d'un sourire éclatant ; je perçois
l'adolescente, rayonnante mais réservée ; je vois la
vieille dame, heureuse, apaisée, mais secrète. Toutes
ces femmes en elle... sauf celle que j'ai connue, moi,
enfant, adolescent. Celle-là aussi s'est perdue en
chemin, et j'en suis tout désorienté. Maman, ma
maman, mais où es-tu passée ?
Au seuil de sa vie, une vieille dame revient
vivre chez son grand fils.
Elle s'échappe un peu plus chaque jour de
la réalité, se passionne pour les rubans et les
boutons, paisiblement, son esprit s'égare.
Lui n'est pas totalement sorti de l'enfance
et construit sa vie entre une soeur imaginaire,
la vivacité des souvenirs, une liaison avec une
femme mariée...
A la croisée de ces temps contraires, Isabelle
Minière construit une parabole drôle et
émouvante sur l'amour filial, la sénilité, la
vieillesse. La douceur de l'humanité.
Les gouaches d'Hélène Rajcak effleurent
le texte avec subtilité. Couleurs, rythmes ou
figures évoquent la fragilité de la construction
humaine, soulignent les sinuosités de la
mémoire.