Fils d'un communard blanquiste, Jean Grave (1854-1939)
travaille très jeune comme cordonnier à Paris : fréquentant
les cercles ouvriéristes, proche d'Élisée Reclus et de Pierre
Kropotkine, il a créé Les Temps nouveaux en 1895, qui
devient la tribune pour ses idées.
En 1914, celui qui déploie depuis plus de trente ans une
«propagande de brochures» fait paraître Ce que nous
voulons, manifeste du projet libertaire, condensé virulent
de l'idéal anarchiste : «Nous voulons l'affranchissement
complet, intégral de l'individu. Nous voulons son affranchissement
économique le plus absolu.»
Dans la «société future» seront abolis le salaire, la
monnaie, la propriété individuelle, l'armée, la démocratie
représentative, l'État et ses gouvernements. Dans trois
textes antérieurs, Grave détaille sa critique du régime de la
IIIe République et de la société industrielle - le machinisme
(1898), la colonisation (1912) - et préconise un certain usage
de la révolution (1898).