La nuit, à l'hôpital, la fine pointe de
l'âme s'exprime par des gestes banals,
par des petits rituels domestiques que
d'aucuns jugent méprisables, par l'amour
d'une chanson populaire ou d'une
émission de télévision, par le désir d'«un
yaourt bien frais». Ou encore par de
simples phrases que le soignant saisit,
empoigne chez l'autre, et qui l'ouvre aux
sensibilités les plus diverses. Moments
d'humanité que l'aide-soignant vit en
accompagnateur fraternel et en poète,
humblement. Le Christ s'y invite
souvent, sans faire de bruit.
Ces expériences de l'ombre au sein de plusieurs services
hospitaliers ont permis à René-Claude Baud de revivre de
l'intérieur le long travail que l'Église initia auprès des malades
dès le Moyen Âge - travail d'avant-garde souvent oublié des
chrétiens eux-mêmes. On ne s'étonnera pas que ce livre soit déjà
considéré comme un classique dans les milieux intéressés par
les questions de soins à la personne, de la naissance à la fin de
la vie.