Je me souviens qu’étant fort jeune, j’avais remarqué dans une petite ville de province, aux processions de la Fête-Dieu, un tambour vraiment fanatique, qui, pendant la marche, tourmentait son instrument sonore avec une prestesse et une dextérité incroyables, faisant des tours de mains et des mouvements de bras passionnés, remuant la tête, fermant les yeux, contournant la bouche avec acharnement. Évidemment la peau d’âne transportait cet homme. Une fois la caisse suspendue à sa ceinture, il ne se possédait plus, et il allait, il allait, s’enivrant de son propre bruit, jusqu’à ce que la canne du tambour-maître donnât le signal redouté du repos.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.