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La fièvre des lointains a saisi, dès l'enfance, un Antoine-Dominique Bordes né en 1815, dans les brousses de l'Armagnac, au foyer d'un médecin de campagne. De Bordeaux, où il se formerait, il partirait en 1835 sur un brigantin, le Sylphe, pour Valparaiso. Comme les baleiniers de la chanson ! Là-bas... nous ne pouvons pas résumer, ce sont voiliers que vent emporte. De retour en France après un long séjour au Chili, Antoine-Dominique Bordes s'affirmerait bientôt comme le plus grand armateur français à la voile. Lui, dont le patronyme occitan signifiait métairie, par navires interposés, il courrait des millions de lieues sur les mers, passerait des centaines de fois le Horn. On a comparé la vie d'Antoine-Dominique Bordes à un conte de fées. On a montré ainsi, que la trempe du personnage provoquait l'émerveillement. Au même titre que les poètes, les artistes et les chercheurs, tous ceux qui sont épris de communication, tous ceux qui sont mordus par le courage et l'aventure doivent gratitude à cet entraîneur de corps et de biens, à ce maître de l'épopée caphornière. Comme un Daniel de Foe, un Jules Verne et un Melville, mais aussi comme un Vasco de Gama et un La Pérouse, A.-D. Bordes est bien un des plus prestigieux fournisseurs de la marine de mémoire qui hante désormais les golfes clairs de nos rêves. Le roman a sûrement vocation, par d'autres moyens que l'histoire, pour tirer de leur pénombre les grands hommes qui cherchent à s'y blottir. A.-D. Bordes a prétendu s'effacer au profit d'une Compagnie, dont il laisserait la barre, avant de mourir, à ses trois fils. Mais si notre louange s'étend à toute la flotte Bordes, et à tous les hommes qui l'ont peuplée au péril de la mer, elle s'adresse d'abord à l'initiateur.