« Alors qui suis-je maintenant ?
Un cornouiller à la peau crevassée
par le vent d'hiver sourit sans répondre.
Celui qui garde ses rêves est heureux. »
Le choix de l'éditeur
Celui qui garde ses rêves est le livre d'un
exilé resté fidèle à sa langue maternelle.
Pourquoi ? Parce que son auteur, le
poète sud-coréen Mah Chong-gi, a
dû fuir son pays pour avoir pris part
dans sa jeunesse à des manifestations
contestataires. Exilé aux États-Unis, il
devient médecin et se voue à la poésie.
Le voici publié pour la première fois
en France. Je suis heureux d'être le
passeur de ses textes. Ils prouvent que
l'on peut ressortir brisé de la prison,
connaître un exil sans retour, perdre
ses amis et sa famille et se construire en
homme libre. La poésie de Mah Chonggi n'est pas celle d'un insurgé à vie qui
répondrait à la détresse par la haine.
Elle est l'ascèse journalière d'un homme
qui transcende sa douleur par les soins
qu'il prodigue aux autres et les mots
qu'il confie au vent. Car la poésie est
ainsi, on ne la garde que si on la donne.