Alain Peyrefitte a eu, entre 1959 et 1969, quelque 300 entretiens en tête à tête avec le général de Gaulle. Auxquels s'ajoutent les conseils des ministres, les conseils restreints, les rencontres avec des chefs d'Etat ou de gouvernement étrangers.
Pendant toute cette période, il a pris des notes au jour le jour, avec l'accord du Général. Ces notes, ce sont essentiellement les propos tenus par le Général, scrupuleusement recueillis, dans l'intention de les soustraire à l'oubli, en respectant non seulement leur teneur, mais aussi le style et le ton des dialogues. La transcription fidèle de ces notes, classées thématiquement pour la publication, produit un effet saisissant : le lecteur voit surgir et retrouve dans toute l'intensité de sa présence le personnage exceptionnel que fut de Gaulle.
Peyrefitte nous introduit dans l'intimité du Général que nous écoutons penser tout haut. C'est un de Gaulle en liberté, qui va beaucoup plus loin que dans ses textes officiels et s'exprime avec une familiarité et une franchise surprenantes.
Par la richesse et la diversité des révélations qu'il apporte, et le portrait intellectuel et moral qui s'en dégage, ce volume constitue un témoignage capital sur celui qui compte parmi les derniers héros et les grands mythes de l'histoire nationale.
Alain Peyrefitte. - Tout le monde se demande, mon général, pourquoi vous dédaignez la télévision ?
Général de Gaulle. - Au nom de quoi, sous prétexte que nous avons si largement laissé la parole à cinq opposants, le général de Gaulle s'exprimerait-il autant que les autres ? Néanmoins, avant la fin de la campagne, je m'adresserai au public.
AP. - Il ne faut pas minimiser l'impact de vos adversaires. Quand Lecanuet a fait son apparition en disant : "Je m'appelle Jean Lecanuet. Je suis agrégé de philosophie", etc., son ton, son style, son sourire, ses dents blanches ont frappé.
GdG. - Vous ne voulez tout de même pas que je proclame devant les caméras : "Je m'appelle Charles de Gaulle" ?
Novembre 1965