«J'ai pensé dire quelques mots. Mais je n'ai pas pu, j'ai
bafouillé des remerciements, rien de plus. Le docteur
Gachet s'en est chargé. Il pleurait, lui aussi. Il a dit
l'essentiel. Que tu étais un homme honnête, un grand
artiste, qu'il n'y avait que deux buts à ta vie, l'humanité
et l'art. Et que c'est l'art que tu chérissais au-dessus de
tout, qui te ferait vivre encore. Moi, simple marchand
des peintres morts et trop peu des vivants, je ne sais rien
de ce présage. J'aurais voulu ajouter : c'était mon
frère.»
Théo n'a pas survécu plus de six mois à la mort de
Vincent... Au jeune frère, Judith Perrignon a emprunté
sa voix et ses souvenirs pour écrire une histoire en forme
de compte à rebours, un court moment où le nom de
Vincent Van Gogh évoque un homme parmi d'autres
et pas encore un mythe.