La correspondance de Pierre le Vénérable avec les trois papes qu'il a connus et avec une vingtaine d'évêques est d'abord une page d'histoire de l'Église et de la papauté de première main qui n'avait jamais été traduite intégralement. Loin de tout formalisme, Pierre sait entretenir, même avec les pontifes romains, une relation certes empreinte de déférence, mais toujours vraie, directe, cohérente avec leurs responsabilités respectives. Sa correspondance avec les évêques est plus nuancée, car un certain nombre d'entre eux sont d'anciens clunisiens et parfois de véritables amis. Avec ces derniers, on retrouve le ton qu'il employait avec saint Bernard, franc et toujours juste. Avec les autres, il intervient souvent pour défendre la cause de Cluny face aux attaques auxquelles se livre une partie du haut clergé contre la célèbre congrégation, parfois jugée quelque peu suffisante. Mais ces lettres témoignent avant tout du sens très élevé de l'Église qui habite le coeur de Pierre le Vénérable et de la conscience de sa responsabilité pastorale, quitte à la rappeler aux plus hauts dignitaires : « Cette Église que Dieu vous a confiée... » : un rappel qu'aucun chrétien ne saurait négliger, surtout de nos jours.