On croyait connaître la misère que la littérature
naturaliste a exploitée à l'envi. Avec ce roman
redécouvert après des décennies d'oubli, celle qui
nous est racontée explose par sa violence et son
fatalisme. Aventures de deux crève-la-faim qui vont
tenter d'échapper à la mort qui les guette depuis
leur naissance, Ceux de Podlipnaïa nous mène aux
confins de la Sibérie à la suite de deux bourlaki, ces
haleurs qui manoeuvrent de lourdes barques sur des
cours d'eau impitoyables, ignorants de leur condition
atroce et incapables de révolte. Féroce et souvent
drôle ou émouvant, écrit dans une langue rugueuse,
ce texte où la vérité ne se pare pas de moralisme,
est un précurseur de l'essai ethnographique. Il fut
publié en 1864 par un jeune auteur autodidacte qui
mourut à trente ans, alcoolique et tuberculeux.
Un livre glaçant et fascinant.