Le choix de l'éditrice
Quels points communs entre les habitants d'un village de Grèce, un lit d'hôpital où se meurt un ami et la femme d'une cité de banlieue dont le fils a choisi le Coran ? On ne les entend pas, on ne les voit pas. De la Crète à Créteil, de elle à il, le talent de Bruno Doucey est de savoir donner vie à ceux qui sont privés de parole. Sous sa plume, « les mots remontent du silence comme l'odeur de la terre sous une pluie d'été ». Ses poèmes sont autant de chroniques d'une crise violente d'où émergent des noms et des visages : ceux d'un peuple qui ne veut pas vivre à genoux, d'un homme qui combat le crabe entouré des siens, des migrants qui se massent aux portes de l'Europe, d'une mère alliée à d'autres mères. Avec S'il existe un pays (2013), il nous invitait à un voyage autour du monde ; avec Ceux qui se taisent, c'est le monde qui vient à nous. Le livre-témoin d'une époque.
« J'en pleure
Les quatre points cardinaux ne lui suffisaient pas
Il a fallu qu'il en trouve un cinquième
et qu'il enferme cinq fois par jour tous les horizons de sa vie dans le corps d'une seule femme vêtue de noir »