Paysages et paysans merina sont au cœur d'une géographie intimiste des campagnes malgaches. Le paysage de ces hautes terres tropicales s'articule sur deux unités : la colline à fine pellicule de sols (la « chair de la terre ») et le bas-fond organisé autour de l'eau (« l'œil de l'eau »). Collines et bas-fonds sont perçus et interprétés par les paysans qui les valorisent et n'hésitent pas à les remodeler. La mosaïque rurale de l'Imerina est illustrée par les exemples de trois petits pays situés à faible distance de la capitale Tananarive. Leur personnalité résulte de combinaisons entre héritages historiques et permanences écologiques. Leur ruralité s'enrichit également de liaisons avec la grande ville qui suscitent de nouvelles activités. Chaque petit pays s'inscrit dans une dynamique sociale qui s'enracine dans le passé. À partir de ces histoires particulières, la crise des années quatre-vingt a joué un rôle d'accélérateur pour l'invention de solutions locales (eucalyptus, ananas, élevage laitier). La quête quotidienne de numéraire entame la production rizicole, fondement de l'alimentation. Contexte naturel, histoire des lieux et ruralité des sociétés construisent une identité merina que des initiatives paysannes ne cessent de recomposer. Le développement rural ne réussira pas en dehors de ces dynamiques locales, atout et gage d'espoir.