«Vous revoilà donc grand magicien, avec vos compositions muettes» : en 1765, Diderot salue ainsi Chardin, qui mène alors depuis près de quarante ans une carrière à part. De ce grand maître de la nature morte, célébré par ses contemporains et recherché par les princes de l'Europe, on sait peu de choses : une vie entière passée à Paris, consacrée à la peinture, «dans le talent des fruits et des animaux». Respectant tout au long de sa vie ce choix d'un genre tenu pour mineur au XVIIIe siècle, Chardin travaille lentement, peignant des petits formats, où, dans un univers clos, il représente ici de simples ustensiles de cuisine, là de sereines images de la vie quotidienne, des enfants sages occupés à leurs jeux, des mères attentives à leurs travaux du jour. Sous leur simplicité apparente, tous sont des chefs-d'œuvre. Hélène Prigent et Pierre Rosenberg nous emmènent au cœur de l'art savamment construit et profondément médité de l'un des plus grands peintres français.