Il s'est agi, pour moi, dans toute la mesure du possible,
de connaître - ou deviner, ou entrevoir - Péguy tel
qu'il était vraiment. D'abord, donc, et avant tout, lire
Péguy, mais le lire pour de bon et dans la totalité de son
oeuvre, y compris ces grands «inédits» qui ne nous ont
été révélés qu'entre 1953 et 1955, et d'autres encore,
diversement précieux, qui ont vu le jour par la suite. Et la
première découverte qu'apporte ce travail d'information
est celle de la part énorme, la part géante que tient la
polémique dans l'oeuvre en question.
Investigation ensuite, nécessaire, dans la vie de cet
homme et les circonstances de son destin, avec le perpétuel
constat d'une dépendance, la plus étroite qui soit,
entre ces événements privés et les prises de position successives
et contradictoires de l'écrivain.
Garder, en même temps, le souci de comprendre, l'attention
à la vie intérieure d'un homme et à ses drames. Car
ce qui s'atteste partout, dans ce destin, c'est l'infortune et
la déception et la souffrance. Un malheureux, Charles
Péguy.
H. G.