Le Charmide et le Lysis sont habituellement
considérés comme des dialogues «aporétiques»,
c'est-à-dire sans conclusion positive, dans la
mesure où l'un ne parvient pas à définir en quoi
consiste la sagesse (sôphrosunê), et l'autre à identifier
le sujet et l'objet d'une relation d'amitié
(philia). Or une lecture attentive de ces deux
dialogues révèle que le constat d'échec sur lequel
ils se terminent ne doit pas être pris au pied de la
lettre : il est possible de déjouer les pièges que
Socrate tend à ses interlocuteurs, et Platon à ses
lecteurs, et de dégager une doctrine achevée sur
la nature de la sagesse et sur le fondement d'une
relation d'amitié.