La «nation» suisse a beau exister depuis 1848,
date à laquelle une vingtaine de petites républiques
s'unissent en un Etat fédératif, l'unité de base de
cette confédération demeure la commune. Aux yeux
du citoyen helvétique, elle seule incarne sa vraie
patrie. Difficile, de ce fait, d'éclairer de l'intérieur
l'histoire suisse sans faire usage de ce projecteur que
constitue l'histoire locale.
L'étude que voici jette son dévolu sur Château-d'OEx
et ses deux voisines, Rougemont et Rossinière.
Egalement connu sous le nom de Pays-d'Enhaut, ce
petit morceau de la haute vallée de la Sarine va traverser
les siècles en rencontrant des fortunes
diverses. Tour à tour Gruériens, Bernois, Vaudois,
catholiques et protestants, ses habitants vont
construire leurs églises et leurs écoles, négocier leur
bois, leur eau, leur bétail et surtout leur fromage
contre florins, louis d'or, batz et francs ; ils vont se
faire enrôler dans les armées les plus variées, émigrer
en Russie et en Amérique et bâtir des hôtels
pour les touristes anglais. En un mot, ils ne vont
cesser de s'adapter et de lutter pour survivre.
Avec beaucoup de tendresse et juste ce qu'il faut
de distance critique, l'historien britannique nous
décrit leurs mésaventures et leurs réussites au quotidien
comme en politique, esquissant au passage un
portrait rafraîchissant de l'histoire helvétique.