Deux mots informent ce recueil, le font entrer en poésie, et ils sont tous deux de mouvement : mue et cheminement. Et comme l'un et l'autre ne s'effraient point du miracle, «penchez-vous, penchez-vous davantage» pour éprouver la grâce. Le poème aurait pu tout entier être emporté par l'onde noire ; il a presque failli être ce chant de l'absent ; mais voilà que lentement, la langue retrouve ses accents familiers, ceux de l'innocence, de l'étonnement et du mystère. Ceux de l'agrément. C'est une poésie «visitée par l'ange» que Nelly Amri rapporte du «bois péremptoire». Naître avec devient son cri de ralliement. Et si, dans «la fragilité de l'aube et des arcs-boutants», sa lampe vacille, c'est, encore une fois, pour mieux éclairer. Car ce qui s'éprouve ici c'est la patience, bien jeune encore, de l'homme, sa capacité à nouer avec les êtres et les choses «un contrat de bienveillance».
Dans cette nouvelle quête, dans ce «corps à corps» avec les mots, des plus arides aux plus friables, l'auteur nous invite, ainsi que l'écrit Lorand Gaspar, à nous «couler dans le cheminement imprévisible qui est, d'un même geste, le mouvement et ses lois... : accueillir, aller avec, creuser, respirer, jaillir.»