Il ne faisait guère de doute que je vivais en exil. J’avais les manières, les expressions, les attitudes qui laissaient supposer cela. Cependant, très tôt, dans cet exil j’ai involontairement pris un air de vacancier, comme si la réponse la plus saine que j’avais pu trouver à ma situation fut légère et non amère.
Ce fut donc un drôle d’exil. Si ce n’était cette géographie rectiligne du bord de mer dans laquelle le plus clair du temps je vivais isolé, rêveur (maintenant plus encore qu’autrefois), il en aurait fallu peu pour me croire heureux. Le temps passant, de ce statut délicieux, qui aurait pu faire croire à une injustice ou à un malentendu, je ne glissais pourtant jamais vers, celui incongru, d’étranger ou de banni. Ces termes auraient été indécents : comme un manque d’égard à cet abri.