Monsieur Efner ne dit rien. II déboutonne sa manche de chemise, la remonte précautionneusement d'un centimètre, et nous présente intérieur de son poignet sur lequel est tatouée la cocarde bleue, blanche et rouge de la Royal Air Force, signe de reconnaissance des mods, au même titre que la Fishtail Parka ou la Lambretta à rétroviseurs multiples.
Ce tatouage délavé me saute aux rétines, Ivan Efner reboutonne sa manche.
- Ça fait plus de soixante ans qu'on ne m'a pas appelé Herbert Lancelaw, encore moins « Herb ».
Lionel exulte en me malaxant l'épaule.
- Qu'est-ce que je disais ? C'est dingue, non ? Putain, Herb...
Fallait être gonflé pour miser sur la disparition de la solidarité, y compris familiale, et se consacrer au plaisir des plus vieux et des plus riches. C'est ce que le directeur octogénaire d'une résidence de retraite ultra luxueuse, le « Last Heaven », a fait. Le jour du 1er janvier, son petit univers bascule. Un amour de jeunesse surgit du passé avec un fils suspecté de terrorisme. « La Famille », un gang mafieux a pour projet de l'assassiner pour récupérer l'héritage d'une star de la chanson. Les policiers le surveillent sans cesse... Il va vivre l'enfer pendant vingt-quatre heures, alors que la fête annuelle du « Last Heaven » bat son plein en ce jour de l'an 2048.