Que Jérôme, à dix-huit ans, règne sur les jours et les nuits blanches d'une cohorte subjuguée a de quoi exalter la rumeur dans une ville du Sud ombrageuse. Entre le vieux palais Gonsalvi et les palaces du littoral, une insolente tribu d'enfants prodigues, chercheurs d'inespéré, frères des exilés bizarres, a fait de sa jeunesse un royaume. N'est-ce pas assez pour qu'on les qualifie de Pâles Fainéants ? Dans le désert, disait Jérôme, se trouve le centre des choses. Va-t-il, à la fin de la guerre, rejoindre le mystérieux nègre Janvier qui, à Paris, rue du Moulin-d'Auvergne, lavait son chien dans le ruisseau avant de retourner vers ses palais de sable ? Mais si le Sahara n'était qu'un ultime trompe-l'oeil ? Et Jérôme, un homme de nulle part ?
Georges Walter est de la race des voyageurs. Il sait que les grands voyages ne se font pas sous les tropiques, mais dans la profondeur des êtres.
Joseph Kessel.
... Quand le journaliste Georges Walter, figure familière des médias, parcourait les cinq continents, nous savions qu'il machinait sous le manteau son aventure la plus silencieuse : une écriture qui, par la magie d'un conteur-né, devenait partition. A la lecture des Enfants d'Attila, un Alexandre Vialatte ne s'y était pas trompé : il célébra de ses plus belles hyperboles cette épopée cosmopolite, ce cristal de Bohême qui vole en éclats. Chronique des Trois Pâles Fainéants est de la même verve : je retrouve ici l'enchantement, le sourire et la maîtrise du mot.
Frédéric de Towarnicki.