Mahmoud Dowlatabadi, né en 1940 à Sabzévâr, près de Mashhâd, auteur de nombreux récits et romans, apparaît comme l'héritier de la tradition romanesque de l'Iran moderne.
Les nouvelles de ce recueil, qui mettront à mal bien des représentations convenues et bien des préjugés, nous renvoient une image à la fois subtile et violente de la réalité de l'Iran contemporain. Sans nulle complaisance populiste, elles décrivent, dans toute sa nudité, sa crudité, sa cruauté, la vie des pauvres de la société rurale, de ces malheureux qu'on dirait voués héréditairement à être écrasés sous la botte de féodaux et de potentats de village, et pour lesquels l'irruption de la modernité se traduit d'abord par un surcroît de corvées, de misère, de malheurs en chaîne.
Malgré l'immense souffrance qui en forme la toile de fond, et dont la seule issue est presque immanquablement la folie ou la mort, les descriptions restent apparemment froides, comme d'anonymes constats, et le style ne se départit pas d'une neutralité calculée, d'une indéniable pudeur. Cette essentielle et volontaire sobriété, jointe à une grande vivacité d'écriture - qui ne craint pas la trivialité et ne gomme aucun aspect brutal ou sordide du réel -, confère à ces cinq nouvelles l'allure de documents sociaux et culturels. Elles révèlent un vrai talent littéraire et ne peuvent manquer de susciter, à la réflexion, une interrogation en profondeur sur le poids écrasant des traditions et sur les séismes qui pourraient, qui ne sauraient manquer de bouleverser la société iranienne.