Berlin n'est pas le lieu du secret, du romantique individuel. Optez pour la première chambre venue ; en règle générale, elles sont grandes, propres, pratiques, et leur prix est raisonnable. Après y avoir pris vos quartiers, vous voudrez sortir et aller faire un tour en ville. Où que vous soyez descendu, vous sentirez aussitôt monter en vous le pressentiment d'avoir atterri dans le mauvais coin et d'être en train de rater le plus important. N'écoutez pas cette voix intérieure. Tentez de garder votre calme et de ne pas prendre vos jambes à votre cou. Sans quoi vous allez pédaler dans le vide et désespérer. Il m'a fallu des années pour accepter qu'à Berlin, aucun endroit n'est mieux que celui où je me trouve à l'instant. Depuis, je m'entraîne quotidiennement à refouler cette crainte perpétuelle que le bonheur se trouve là où je ne suis pas, et j'essaie de découvrir la beauté dans l'horreur. C'est alors seulement que la ville commence à s'ouvrir à vous.
Amman, Budapest, Baden-Baden, Saint-Luc, New York, et en entrée, Berlin. De la ville omniprésente dans son oeuvre, Matthias Zschokke nous entraîne dans le vaste monde. Avec son sens si aiguisé de l'observation et son regard plein d'humour et d'empathie, il nous guide de mégapoles en coins perdus, saute de l'une à l'autre au fil des mots.
Plus que le voyage, c'est le génie des lieux qui l'intéresse, comme des personnages qui se révèlent peu à peu. Et même si le lecteur peut puiser dans cet ouvrage quelques bonnes adresses, il s'agit avant tout ici de littérature. La subjectivité et la poésie qui habitent cette mosaïque de petits récits ne laissent aucun doute sur la nature de cette invitation au voyage.