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Troisième volume des mémoires de la duchesse de Gramont, Clair de lune et taxi-auto a paru pour la première fois aux éditions Grasset en 1932. Après avoir raconté son enfance dans Au temps des équipages (Cahiers Rouges, 2017), ses débuts dans la vie d’adulte dans Les Marronniers en fleurs (Cahiers Rouges, 2018), elle consacre ce troisième volume à la Grande Guerre. C’est l’été, on est à la campagne. Bientôt, tous les cousins prénommés Anthéaume ou Enguerrand seront morts. Élisabeth de Gramont a été infirmière volontaire ; elle se souvient des blessés, estropiés, défigurés, qu’elle a soignés sans anesthésie en compagnie de sa cousine, la marquise de Noailles. Et puis, Paris en temps de fièvre : la montée des tensions diplomatiques en 1913, la panique de 1914, l’accoutumance de 1915, le défaitisme de 1916, le regain d’espoir au moment où Clemenceau devient président du Conseil, et la joie la plus inouïe lorsqu’arrivent les Américains. Ce livre brillant, intelligent et personnel fait de son auteur une des meilleures mémorialistes du XXe siècle. Au-delà des anecdotes, il y a des indices et du sens, comme lorsque la femme de George Bibesco, un soir au Ritz, souhaite la défaite des armées françaises afin d’en finir avec la démocratie ; et puis les considérations sur les grands artistes du temps, qu’Elisabeth de Gramont a tant aimés, sur les politiciens qu’elle estime, comme Aristide Briand. Un jugement sec, une assurance sociale qui cède le pas au talent, un sens imparable de la formule.