« La pensée vivifie », dit María Zambrano. Toute sa vie, nourrie silencieusement de sa pensée, peut en témoigner, comme en témoignent ces Clairières du bois, dont elle dira elle-même : « Parmi mes oeuvres publiées, c'est je crois le livre qui répond le mieux à cette idée longtemps formulée que penser est avant tout, à la racine, en tant qu'acte, déchiffrer ce que l'on sent, si on entend par sentir le « sentir originel ». Et aussi à cette idée que l'homme est l'être qui souffre sa propre transcendance en un incessant processus d'unification entre la passivité et la connaissance, l'être et la vie. Vie véritable, surprise seulement dans quelques clairières qui s'ouvrent entre ciel et terre au sein de l'initiale frondaison. Et à l'horizon lointain où se noient le ciel et la terre, l'être et la vie, la vie et la mort. »
L'oeuvre de Maria Zambrano (1904-1991), l'une des plus hautes de la pensée espagnole contemporaine, est jalonnée de titres simples et éloquents, comme ces Clairières du bois, livre essentiel, dont nous devons la première traduction française à Marie Laffranque (1921-2006), qui traduisit également De l'aurore en 1989 pour Les éditions de l'éclat, où l'on peut lire également : L'île de Porto-Rico : Nostalgie et espérance d'un monde meilleur et Saint Jean de la Croix. de la 'nuit obscure'à la plus claire mystique, tous deux parus en 2024.