Je ne dis rien au personnel encadrant. Je me doute bien que mes meilleurs amis seraient punis et je ne veux pas qu’ils soient punis à cause de moi. J’ai le pressentiment que si je parlais la situation empirerait. J’ai peur qu’on me traite de « mouchard » ou de « balance ». J’envoie à mes parents des cartes postales sur lesquelles j’écris Tout va bien, la colo est super, on va à pied pêcher des moules. J’écris de ma plus belle écriture, je fais attention à ne pas faire de fautes d’orthographe. Nous avons des enveloppes timbrées pour écrire à la maison. Le téléphone ne doit être utilisé qu’en cas d’urgence.
Récit de l’incompréhension et de la douleur, Classe de mer retrace le calvaire d’un jeune garçon confiant en ses « meilleurs amis ». Trente ans plus tard, la rancoeur est toujours là, tenace, et gronde la colère à l’encontre de ces adultes, parents, institutrices, moniteurs et pompiers, qui, indifférents ou indolents, n’ont jamais rien vu, ne sont jamais intervenus. Ce ne sont que des enfants.
Oui, mais « ensemble, ce ne sont plus des enfants ».