Dessinateur et graveur des dernières années du Grand Siècle, Claude Gillot doit sa réputation à la fantaisie et à l'originalité de ses oeuvres. Parodies paillardes, scènes de sorcellerie, farces et improvisations de foire ont fait de lui un spécialiste de la satire, de la comédie et des arts du spectacle.
Peintre rare, il attire pourtant dans son atelier de jeunes artistes en devenir parmi lesquels Antoine Watteau et Nicolas Lancret. Ses innombrables dessins témoignent d'une intense activité dans des domaines très divers comme l'illustration, mais aussi le costume et le décor pour le théâtre et l'opéra. Il s'impose également comme l'un des grands ornemanistes du XVIIIe siècle, collaborant avec Claude III Audran pour des intérieurs privés et renouvelant le répertoire ornemental de l'arabesque.
Alors que les épreuves marquent les quinze dernières années du règne d'un Louis XIV vieillissant et dévot, isolé à Versailles, un souffle nouveau s'épanouit à Paris. Plus libre, riche d'invention, d'étrangeté et de poésie, l'art railleur de Gillot, d'une vivacité et d'une verve enjouées, s'élève contre l'austérité de la fin du règne, et cherche à donner de son époque une image jubilatoire dans l'esprit de la Régence.