On croyait tout savoir de Georges Clemenceau : les combats du député anticolonialiste et du journaliste dreyfusard, les convictions du sénateur radical et du " premier flic de France ", la ténacité du " Père la Victoire". Il manque pourtant une facette à cet homme exceptionnel : celle de l'orientaliste habité par la tentation du Japon. Nourri d'archives inédites, le livre de Matthieu Séguéla nous invite à découvrir ce Clemenceau méconnu. Le Japon de Clemenceau est foisonnant. Il est fait d'amitié avec ses deux alter ego, le prince Saionji et le peintre Monet. Il est empreint de bouddhisme et d'esthétisme avec sa grande collection d'art japonais. Il est fait d'admiration pour le modèle de modernisation qu'il offre à la vieille Asie. Ce Japon, Clemenceau le défend dans ses journaux, l'associe à sa diplomatie d'entente en 1907, se bat pour faire venir son armée dans l'Europe déchirée par la Première Guerre mondiale. Mais le Tigre était un visionnaire : une fois la paix revenue, il sera le premier à s'interroger sur les dangers de l'impérialisme du Japon dont il reste toutefois l'ami.