Les femmes viennent d'une planète, nous dit-on, et les hommes
d'une autre. Mais d'où viennent les cochons ? Bien loin de l'image
idyllique de la petite ferme joyeuse des livres d'enfants, les cochons
sortent par million de l'industrie porcine. Dans de nombreux pays,
dont la France et le Québec, cette industrie internationale, qui gère
l'essentiel du cheptel mondial d'un milliard de cochons, a accru
la productivité du travail des hommes et des animaux de façon
remarquable. En 1970, une truie sevrait seize porcelets par an.
Elle en sèvre vingt-neuf aujourd'hui. Une unité de production de
1 000 truies et leurs 16 000 porcs peut être conduite par moins
de huit personnes. La recherche de la performance a toutefois
conduit à des transformations radicales du contenu du travail et
de son sens. Il s'agit de produire «à tout prix et à n'importe quel
prix», mais pour qui et pour quoi ? Qu'est-ce que cela veut dire,
travailler en production porcine industrielle aujourd'hui, pour les
éleveurs, les salariés et les cochons ? De quoi est fait le travail ?
De quoi n'est-il pas fait ?