Cocteau - Radiguet
Sous le soleil du Cap Ferret
Pendant les étés 1920, 1921 et 1923, Jean Cocteau et le jeune poète Raymond Radiguet s'installent sur la côte sauvage du bassin d'Arcachon, la côte noroît, à Piquey, petite village de pêcheurs, un paradis dont le havre s'appelle Chantecler. Ouvrant grand ses yeux qu'il a myopes, Radiguet ne se lasse pas de contempler le décor inouï d'une terre inconnue à quelques heures de Paris.
Jean Cocteau assurait que « l'hôtel de planches » de Piquey était une sorte de théâtre. Nommé Chantecler en l'honneur de son illustre ami Edmond Rostand, l'hôtel était tel « un microphone où chaque son porte ». Quant à son « cher balcon » avec vue plongeante sur les eaux vives du bassin d'Arcachon, « c'est une avant-scène de spectacle ».
Si spectacle il y a, joué au huis clos de l'hôtel Chantecler, pourquoi ne pas relever les caractéristiques d'une authentique tragédie respectant la règle des trois unités du théâtre classique : unité de lieu (le bassin d'Arcachon), unité de temps (l'été), unité d'action (vacances studieuses), avec, pour résultat un événement culturel majeur : la rénovation de l'art d'écrire un roman.
Au final, il y a la mort à vingt ans du héros, le jeune Raymond Radiguet, entre un best seller déjà publié Le diable au corps et un roman posthume Le bal du comte d'Orgel. C'est à Piquey qu'il finit par user ses forces à combattre la maladie qui allait l'emporter avant la fin de l'année 1923.