Coeurs de cailloux
Il y a la mer. Éternelle, immuable. En face de la mer, il y a ce banc. Éternel, immuable. Sur ce banc, tous les jours, de 8 heures à 20 heures, il y a la vieille. Éternelle, immuable. Aux pieds de la vieille, il y a le mignon chien-chien. Et à côté de la vieille, il y a le tas de cailloux, bien ronds, petits, mais qui doivent faire mal si on les lance fort. Puis arrive un jeune. Qui ose s'asseoir sur le banc. Qui ose caresser le mignon chien-chien.
Au bout d'un moment, il s'est penché vers le chien. Et il lui a demandé ce que tout le monde se demandait. Il a dit :
- Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ?
Ou un truc dans le genre.
- J'attends Théodore.
Ça, c'était la réponse à la question du jeune. Le chien était super mignon, mais fallait arrêter de faire peser trop d'espoir sur son dos. Parler, il ne savait pas. Alors, on était bien obligé de se rendre à l'évidence. C'était la vieille qui avait répondu.