Les pouvoirs de l’écriture chez Colette, c’est l’art « décrétal » de susciter la présence dans les portraits, de ressusciter les souvenirs d’enfance et leur charge de « sauvageries », mais aussi de créer ou recréer des silhouettes délibérément fictives – Claudine, Gigi, Don Juan – alliant charme et scandale. Au fil des lettres, des reportages, des chroniques d’un temps pour nous révolu, le monde se peint dans un regard ; l’extrême recherche du style unit indissolublement les volutes esthétiques à une éthique, quelque peu nietzschéenne, qui fonde sa loi propre dans la nécessité de l’écriture, et irradie en sagesse ultime.