Le collectionneur et l'avare. Ils semblent les négatifs l'un
de l'autre. D'un côté la dépense en pure perte, de l'autre la
rétention parcimonieuse. Jadis la magnificence de l'un
brillait de l'éclat de la vertu, quand la cupidité de l'autre
avait toutes les laideurs du péché. Le capitalisme a redistribué
les cartes de la vertu et du péché. Le collectionneur
traîne aujourd'hui un parfum de scandale, et le caractère
économe et regardant a été élevé en mérite. En même
temps, la tentation semble grande d'accoler collection et
accumulation, de marier le collectionneur au thésaurisateur.
Il est urgent de les disjoindre. Quelque chose pousse l'un au
sans compter et l'autre au compte scrupuleux. Quoi ? Pour
le comprendre, on propose ici d'examiner de près les mécanismes
intimes qui animent ces figures opposées du désir,
la collection et l'avarice.