Comme des bêtes
La Révolution française a créé, sur les ruines de l'Ancien Régime, une nouvelle communauté politique composée de citoyens égaux. Dès lors, quelle place devaient y occuper les animaux, si nombreux dans les villes et les campagnes ? Avaient-ils aussi des droits ? Pouvait-on continuer à les domestiquer et les manger ? Étaient-ils des « sous-citoyens » à protéger ou une ressource à exploiter pour la nation ?
Dans un livre profondément novateur, fruit de nombreuses années de travail, Pierre Sema montre l'importance politique des animaux en Révolution. La police parisienne s'efforçant d'en limiter les dangers, les responsables de la ménagerie du Jardin des plantes désirent en faire un spectacle civique, pédagogique et républicain, tandis qu'agronomes et savants engagent d'ambitieuses réformes de l'élevage. Surtout, la question de l'animalité est au coeur des débats révolutionnaires. On découvrira des plaidoyers radicaux pour le régime végétarien, des projets parfois utopiques de citoyenneté animale, mais aussi l'émergence d'un racisme savant, qui instrumentalise les découvertes sur les grands singes pour mieux animaliser les esclaves noirs et s'opposer à leur émancipation.