Le point de vue des éditeurs
Ce récit autobiographique retrace le cheminement sensible, intellectuel et politique d'une enfant de l'immigration postcoloniale, née dans l'Est de la France en 1987. De son plus jeune âge l'écrivaine se souvient, et dès lors revisite les expériences fortes qui ont pour elle valeur d'événements constitutifs de sa pensée, de la vérité sociale, politique et historique qui est la sienne aujourd'hui.
Souvenirs d'une vie à trois tendre mais laborieuse, de parents aimants, d'un logement dont les fenêtres ouvrent au loin sur une zone pavillonnaire et le tracé d'une rivière. Ainsi passent les années. Mais soudain Hania et Mohamed songent à mettre leur fille à l'abri d'un danger qu'ils ne nommeront jamais. Du quartier ils vont donc l'éloigner pour l'inscrire dans un collège catholique de l'autre côté de la ville.
Et c'est à partir de ce double chemin de vie, déplacement imposé, que s'élabore cette enquête intersectionnelle au coeur des mondes sociaux dans lesquels l'écrivaine a vécu ; un geste de ressaisissement de soi par lequel elle observe la manière dont l'entremêlement des rapports de pouvoir et de classe, de genre et de race, marque les existences.
Sans jamais tourner le dos aux siens et pour mieux les retrouver, à la sortie du lycée Kaoutar Harchi, narratrice et personnage de ce récit, se lance dans une formation d'intellectuelle critique, celle qui place aujourd'hui ce livre entre la beauté d'une langue puissamment littéraire et le désir de justice.