Comme un premier bourgeon d'avril
C'est toujours un moment d'une rare intensité quand un homme, l'âge venant, entreprend de se retourner sur sa vie. Le vieil homme n'est plus assujetti aux convenances. Les vanités sont derrière soi. Il s'est dépouillé. Il est libre. Ce sont les dernières oeuvres qui l'enchantent. Telle sonate de Beethoven, tel poème de Verlaine, telle toile du Lorrain. C'est le style tardif qu'il affectionne. Un style qui vise à la simplicité tout en gardant de la tenue, un style qui laisse s'exprimer l'émotion pure, un style qui ne craint pas le ressassement. Tous les octogénaires font l'expérience des remontées fantastiques de la prime jeunesse dans le temps présent. Ultime embrasement avant que ne se couche le soleil ou premier bourgeon d'avril ? Les trois manteaux noirs qui arrivent à la rencontre de l'auteur en provenance du lointain passé de sa petite enfance ne sont pas porteurs de mauvaises nouvelles. C'est une perle aux teintes moirées qu'ils nous livrent, une perle transmise de génération en génération qu'ils nous invitent à recueillir et à faire fructifier.