Est-il vrai, comme l'écrivait Léon-Paul Fargue il y a près de cent ans, qu'il y a « trop de livres dans les boutiques, trop de pages dans les livres, trop de phrases dans les pages, trop de lignes dans les phrases, trop de mots dans les lignes, trop de lettres dans les mots (...) » ?
L'inquiétude de Fargue est toujours la nôtre, et elle ne cesse de s'amplifier.
Comme un rat est une réplique à ces angoisses, par exemples interposés : exemples de ce qui mérite d'être lu et, surtout, relu ; exemples de ce qu'il est inutile de lire ; exemples de questions qu'il importe de poser aux livres qu'on s'apprête à donner à l'impression ; exemples d'enthousiasmes et de regrets ; exemples de sujets (et d'auteurs !) à retrouver, voire à inventer. On y croisera chemin faisant Jean Paulhan, Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud, Julien Gracq et Henri Thomas, Bernard Frank et Maurice Dekobra, Michel Lafon, Jean-Benoît Puech et plusieurs autres ; des réflexions sur les vertus du livre pauvre, la fécondité des erreurs d'interprétation, l'âge des textes et des lecteurs, les plaisirs de l'allusion et la disparition des timbres-poste ; mais aussi des croquis de Grenade et de Brattleboro, car la vie est inséparable de la fréquentation des livres.
Comme un rat n'est pas une bibliothèque idéale. C'est plutôt un livre qui essaie de faire le point, sur le sens du temps qu'on passe avec les livres comme sur les mystères que les textes nous aident à ne pas toujours comprendre.