«Personne ne m'avait prévenue que ce serait si dur. Ces
vingt années passées dans la peau d'une parent d'élèves, à
pratiquer l'un des métiers les plus difficiles du moment,
m'ont épuisée. En juin dernier, la cadette de mes deux filles a décroché
le "Saint Graal" : le baccalauréat. Je goûte ma liberté. L'école est finie.
Parent d'élèves est un métier risqué. On peut y perdre sa bonne
humeur, et sa santé. À l'extérieur des murs de la classe, il faut panser
les plaies de nos enfants trop souvent cabossés par l'école sans bien
comprendre d'où vient le mal. Là où on aimerait entendre les mots
d'enthousiasme, de valorisation et d'empathie, on parle de sélection,
de stress, d'humiliation ou d'ennui.
Je veux raconter cette conversation entretenue avec les enfants
et les parents d'élèves à l'heure de la sortie, ces mots échangés avec
des enseignants croisés dans les salles vides, ces rencontres avec de
jeunes professeurs impuissants à détourner leurs élèves des quartiers
défavorisés d'un chemin tout tracé...
J'ai voulu éclairer par le menu les différentes facettes de cette école
enivrée de compétition, enfermée dans des débats stériles, machine
à exclure et à creuser les inégalités sociales. Partir à la rencontre
de pédagogues enthousiastes ou de pionniers entreprenants qui
redonnent le goût d'apprendre à nos enfants.
Notre école est forcément finie, celle de demain en marche...»