À une époque où la « question morale » tient une place toujours plus grande dans les différents débats quotidiens, il semble que, paradoxalement, elle ait déserté le champ de la critique littéraire. À travers l'analyse de neuf chefs-d'oeuvre de la littérature mondiale, A. B. Yehoshua (Jérusalem, 1936) montre dans quelle mesure la littérature se risque précisément à aller aux limites du questionnement moral, et éclaire en retour, de manière décisive, notre relation au monde. Ces libres lectures d'un très grand écrivain israélien permettent aussi de mieux comprendre son oeuvre elle-même, qui, depuis L'Amant (1977) jusqu'à La Mariée libérée (2001), n'a jamais manqué d'affronter la « question morale » au corps à corps.
Quel a été le véritable châtiment du premier meurtrier de l'Histoire ? Caïn et Abel // La morale d'un mari qui consent à ce que son épouse meure à sa place : Alceste d'Euripide // L'absurde comme guide moral : L'Hôte d'Albert Camus // Morale par identification ou par culpabilité : L'Issue et Nerfs de Joseph Haïm Brenner // Le formidable pouvoir d'une si petite culpabilité : L'Eternel mari de Fédor Dostoïevski // La société rend hommage à une criminelle avec une rose fraîche : Une Rose pour Emily de William Faulkner // Père et fille : un système relationnel inconscient : À la fleur de l'âge de S.J. Agnon // Comment construire un code moral sur un vieux sac de supermarché : Cathédrale de Raymond Carver.