Les moeurs, les arts, la littérature, les sciences, les prodiges techniques du vieux continent, mais aussi les batailles que l'Occident livra à l'Islam, ont été racontés, voire disséqués, par des voyageurs, des diplomates, des historiens ou des érudits musulmans. Soucieux d'éveiller l'intérêt de leur public, mais attachés à défendre la supériorité de l'Islam, ils laissèrent trop souvent dans leurs écrits et témoignages la fiction le disputer à la réalité. L'Européen est ici le barbare exotique, soumis à l'observation d'explorateurs singuliers.
Car, à l'évidence, l'Islam n'a guère montré de grande curiosité pour l'Occident jusqu'au milieu du siècle dernier. Bernard Lewis s'interroge sur les multiples raisons - linguistiques, ethniques, religieuses, anthropologiques - de cette indifférence de l'Orient envers l'Europe. L'histoire séculaire d'une méconnaissance nous permet de mieux comprendre les malentendus qui aujourd'hui encore séparent l'Islam d'une Europe trop souvent chargée de tous les maux.