La fraude fiscale est un sujet qui se dérobe aux outils de l’analyse économique traditionnelle. D’une part, comme toute activité illégale, la fraude fiscale échappe à l’observation du chercheur en même temps qu’elle se dissimule aux autorités : l’analyse empirique de son ampleur, de ses déterminants et de la manière dont différents dispositifs l’affectent est nécessairement très limitée. D’autre part, sur le plan théorique, l’application simple du calcul coût-bénéfice auquel est supposé se livrer le contribuable « rationnel » conduit à un paradoxe : contrairement à une idée largement répandue, les bénéfices de la fraude fiscale sont tellement élevés, et le risque de sanction est tellement faible, que l’on peut s’étonner qu’elle soit aussi peu pratiquée dans l’ensemble des économies développées. Plutôt que la fraude fiscale, c’est donc la «soumission fiscale» qui en constitue le pendant, la disposition à payer l’impôt, qu’il convient d’expliquer pour en comprendre les déterminants.
Le double défi que posent les décisions de fraude fiscale à l’analyse économique n’a pu être relevé que très récemment, grâce à l’émergence, au cours des vingt dernières années, d’une nouvelle approche, l’économie comportementale, qui s’appuie sur la psychologie pour mieux comprendre les comportements économiques ; et, conjointement, d’une nouvelle méthode, l’économie expérimentale, qui permet d’étudier empiriquement les comportements économiques sur lesquels il est difficile de collecter des données convaincantes.
Cet opuscule rend compte des résultats de ces travaux et présente un panorama des outils de politique fiscale qui s’en dégagent.