La théorie de la justice est aujourd'hui douloureusement confrontée à la question des migrations : la « communauté imaginée », nécessaire selon Benedict Anderson à l'efficacité de la construction politique nationale, doit être désormais redessinée de manière à inclure ceux qui sont victimes de l'arbitraire de la naissance. Notre périodé est propice à la mondialisation de la démocratie. Mais ce n'est certainement pas par la voie du gouvernement planétaire qu'elle se réalisera, mais par la démultiplication de scènes d'expérimentations démocratiques par-delà frontières et souverainetés.
Pour Alain Policar, il convient de voir et d'entendre à nos frontières les inventeurs de mondes et d'agir avec eux, non contre eux. C'est seulement dans ces conditions que pourra commencer une politique pour le présent.
Alain Policar propose de promouvoir un état d'esprit profondément éloigné de tout discours, aussi modéré soit-il, sur les identités particulières, et défend l'idée que notre allégeance morale fondamentale est celle qui prend sa source dans le lien qui nous lie à l'humanité. Il est devenu urgent de lutter contre les systèmes de pouvoir et de domination et, dans le même mouvement, de s'opposer au nationalisme et au racisme, c'est-à-dire à la barbarie identitaire.