Le 30 septembre 2005, le journal danois Jyllands-Posten publie une
enquête sur l'autocensure des artistes danois qui comporte des articles
et des dessins représentant le Prophète de l'islam. L'un d'eux deviendra
l'emblème de l'affaire : elle montre la tête de Mahomet coiffée d'un turban
contenant une bombe à la mèche allumée. Le caricaturiste vise les justifications
coraniques des terroristes, mais il va être accusé d'avoir insulté le
Prophète, l'islam, et un milliard trois cents millions de musulmans.
L'auteur a enquêté au Danemark en 2006 et reconstitué les faits avec
minutie, depuis les hésitations de la politique danoise d'intégration des
immigrés jusqu'à la coalition de quelques imams radicaux, qui s'emparent
de la publication des dessins pour internationaliser une crise locale en
s'alliant à de hauts responsables égyptiens et moyen-orientaux.
Dans cette nouvelle édition, l'auteur inscrit l'affaire des «caricatures
de Mahomet» dans une séquence historique ouverte depuis un quart
de siècle par la condamnation à mort du romancier britannique Salman
Rushdie en 1989 et poursuivie en 2015 par l'assassinat des collaborateurs
du journal satirique français Charlie Hebdo, démontrant comment les
conflits sur le droit à la satire et, au-delà, sur le droit à la liberté d'expression,
ont aujourd'hui changé d'échelle et de méthode.