Comment tirer profit de ses ennemis
« Il faut toujours avoir la bouche pleine de sucre pour confire les paroles car les ennemis y prennent goût », écrivait Baltasar Gracián. Pourtant, si les vieilles routines de la flatterie justifient chez l'honnête homme la nécessité d'un art de la prudence, ne doivent-elles pas être battues en brèche par le sentiment de noblesse que suscite en lui le contact de l'ennemi ? Voilà la question à laquelle répond Plutarque dans Comment tirer profit de ses ennemis - non point en bombant le torse, mais en rivalisant de vertu, discrètement, avec l'adversaire. Les déférences perverses de l'adulateur, pour la raison qu'elles se règlent sur la mouvance d'autrui, ne bâtissent que sur du sable. Au contraire, la vigilante pratique des ennemis oblige à un perfectionnement de soi qui est la meilleure riposte qu'on puisse faire à l'adversité.