Comment vivre ensemble ? Jamais la question n'a été autant d'actualité. Le
«faire socius» a perdu de son «allant de soi». Il n'est plus un héritage de
normes indiscutables, mais un monde à explorer, une source d'interrogations :
Comment me tenir à proximité et à distance des autres pour construire avec eux
une sociabilité sans aliénation, un isolement sans relégation ? Comment trouver
des modalités d'un «socius» qui résistent à l'ego grandiose et en même temps
risquent l'inattendu de l'individuation comprise comme manifestation de la
singularité de l'individu ? Comment miser à la fois sur la puissance de sens et
d'initiative de chaque «un» et sur son acceptation d'être «un avec d'autres» ?
Comment conjurer le «tout à l'ego» de sujets porteurs de droits sans pour autant
céder à un «tout social» fusionnel menaçant leur liberté ?
Entre repli sur soi et participation sociale, entre sérialité et coopération, il ne s'agit pas
d'opposer un bon objet (le collectif solidaire) à un mauvais objet (l'individu égoïste) ;
mais de questionner collectivement notre espérance. Pouvons-nous, adultes
(parents, enseignants, chefs d'établissement, habitants, élus...), nous enthousiasmer
et enthousiasmer notamment les jeunes sur le thème de demain ou ne savons-nous
que nous inquiéter et les inquiéter ? En même temps, l'exaltation des lendemains
qui chantent peut tourner le dos à l'altérité, encourager «l'entre nous». Aussi, cette
interrogation relative à l'utopie du "socius" appelle deux questions subsidiaires :
Cet ouvrage apporte des éléments de réflexion pour mieux vivre la diversité de nos
quotidiens.