Le Père Achille Gagliardi s.j. (1537-1607) enseignait la théologie
à Rome quand il fut appelé à Milan par Charles Borromée. Grand
connaisseur de l'institut et de la spiritualité de la Compagnie de Jésus,
il y travailla au Commentaire des Exercices spirituels d'Ignace de
Loyola, et à l'Abrégé de la perfection chrétienne, deux oeuvres de
grande influence.
Le Commentaire, écrit vers 1590, cinquante ans après l'approbation
des Exercices par l'Église, est un traité remarquable sur sa dynamique,
ses manières de prier et sur le discernement spirituel ; le premier
commentaire complet des Exercices, et pour longtemps le
meilleur. Il est ici traduit en français pour la première fois.
L'Abrégé, traduit dès 1596, inspira le jeune Bérulle et compta bien-tôt
une cinquantaine d'éditions européennes. Ce petit ouvrage, qui
enseigne une doctrine des plus hauts degrés de l'union à Dieu cohérente
avec la vie active, marqua profondément la spiritualité du
XVIIe siècle. Recommandé par François de Sales, Surin et d'autres
maîtres à l'égal de l'Imitation de Jésus-Christ, il nourrit le courant
mystique qui se répandait alors chez les laïcs aussi bien que chez les
religieux.
Gagliardi est le témoin insigne d'une tradition, que l'on aura grand
avantage à redécouvrir aujourd'hui. Son interprétation des Exercices
nous fait saisir sur le vif avec quelle fidélité et quels accents ils étaient
alors donnés. Voici un «directoire» éminent qui, avec le relief du
temps, éclaire singulièrement les pratiques d'aujourd'hui.