À travers une suite de quinze textes courts, Michel Jullien
propose une quête du toucher, il évoque le souvenir
de sensations issues de l'enfance, communément partagées
et souvent oubliées.
Comme tempo, il est donné que l'ennui fut un apprentissage
inéluctable avec lequel l'enfant devait compter. Pour mieux y
faire face, afin de le tromper, de contrecarrer l'attente, il crée
un univers clos dans lequel s'établissent des connivences
particulières, des «compagnies tactiles» : avec un aimant,
un vélo, une clarinette démontée, une machine à écrire,
une bougie de voiture, l'algue, la figue... Autant de variations
sur les fétiches qui ont sa faveur. Avec eux, il construit des
conversations hésitantes, menées à voix basse, des dialogues
intimes, des modulations sensuelles.
Ces objets, ces matières formant des mondes aimés, sont
à ce point disséqués que les quinze pièces introspectives
constituant ce recueil - qui n'est pas sans rappeler la manière
de Ponge - finissent par former elles-mêmes des objets
palpables : à son tour la lecture devient tactile.